jeudi 25 mars 2010

Tour d'horizon des arts graphiques

Au cours de mes pérégrinations sur la toile afin d'alimenter en images mes derniers cours de cette année sur la bande dessinée et le graphisme, j'ai eu l'occasion de découvrir des tas de choses formidables:
Töpfferiana, un site tenu par Antoine Sausverd, et qui est consacré à la bande dessinée du 19e siècle. Les articles sont très intelligents, et ne se contentent pas d'aligner, comme le fait (trop souvent) La Boite à images de monsieur K., quelques repros avec des commentaires qui n'engagent que leur auteur: un véritable souci de recherche historique et méthodologique, et une véritable compréhension du médium sont les grands atouts des analyses d'Antoine Sausverd. On sent qu'il a dû passer par la case université...
A Journey round my skull, qui est un blog tenu par un passionné de graphisme et de beaux livres, et qui, plutôt axé 20e siècle, présente des œuvres aussi belles qu'inattendues.
David Apatoff tient le blog bien nommé Illustration Art, et a des analyses tout à fait intéressantes, des analyses de praticien puisqu'il est lui-même illustrateur. Du coup, il insiste souvent sur des détails que l'historien de l'art a tendance à survoler.
Enfin, last but least, le blog du Petit Paquis, qui à côté des trois premiers fait pâle figure, mais est tout de même assez intéressant. Trop souvent ses billets sont de simples agrégats d'images assortis d'un simple commentaire élogieux, mais on lui pardonne: tenir un blog est chronophage, l'auteur de ces lignes en est bien conscient, et il n'est pas toujours possible de réunir le temps (ni les moyens), comme arrive à le faire Antoine Sausverd par exemple, de donner l'équivalent de petits articles.

mardi 23 mars 2010

L'autre voyage d'Ulysse

Le livre était passé à peu près inaperçu l'automne dernier, lors de sa parution. C'est aujourd'hui sur France Culture, dans la seconde partie de l'émission A plus d'un titre, que l'on peut écouter Evanghélia Stead présenter son anthologie qui rassemble, chez Jérôme Millon, une quinzaine de textes écrivant le second voyage d'Ulysse, que Tirésias lui avait prédit dans l'Odyssée d'Homère. A partir à la fois d'une relecture d'Homère et d'une relecture de la lecture qu'en fait Dante, Tennyson, Borges, Cavafis et bien d'autres ne se contentent pas de réécrire l'œuvre originelle, mais la prolongent là où elle reste ouverte. Ulysse n'est donc pas l'homme d'un seul voyage: à nous de nous laisser happer par ses autres périples, aussi poétiques qu'inattendus.

lundi 22 mars 2010

Luis Francesco Arena

Loin de mes habitudes de musique violente et vociférante comme des références savantes de Continuum, je voudrais ici signaler une belle découverte musicale: Luis Francesco Arena. Dans un registre de pop-folk intimiste où la douceur des mélodies a pour compagnons des arrangements d'une pertinence et d'une sobriété sans faille, et des textes d'une vigueur poétique étonnante pour un compositeur d'origine française, les compositions de LFA méritent vraiment le détour.

© Sophie Delaveau

L'orchestre est essentiellement constitué de Pierre-Louis à la guitare et au chant, un tourangeau d'adoption que j'ai eu l'heur et l'honneur de rencontrer à plusieurs reprises, mais ses dernières compositions sont accompagnées de violoncelle, piano, batterie, etc., selon les nécessités. Dans un genre de song-writing «à l'anglo-saxonne», je trouve que ce petit Français se défend plutôt très bien. Il fait des concerts un peu partout en ce moment pour la sortie de son prochain album en avril: allez le voir et l'entendre, vous me direz ce que vous en pensez.

mardi 2 mars 2010

Emily Dickinson

Emily Dickinson, daguerréotype, c. 1845.

Assez court, mais très intéressant entretien avec Françoise Delphy pour sa traduction des Poésies complètes d'Emily Dickinson (Flammarion, 2009). C'était samedi dernier dans l'émission "Ça rime à quoi", sur France Culture, mais vous pouvez encore le podcaster ces prochains jours. Les lectures de poésies par Tiffany Stern étaient splendides (surtout en anglais, en français elles manquaient un peu d'aisance...).
Si Claire Malroux avait déjà entrepris le travail de longue haleine consistant à traduire la quasi intégralité des écrits de la célèbre poétesse américaine chez José Corti, cette traduction de Françoise Delphy, fruit d'un long et patient travail d'une dizaine d'années, vient proposer une autre version - ni plus juste, ni plus infidèle - du texte de Dickinson. En matière de poésie, tant qu'on évite le contresens, il n'y a pas de mauvaise traduction, il n'y a que des restitutions, l'une complétant les lacunes de l'autre, chacune proposant une lecture singulière de l'œuvre d'origine. D'où la nécessité absolue, en poésie, des éditions bilingues, ce qui est le cas de l'édition de Claire Malroux comme de celle de Françoise Delphy, pour apprécier le texte en sa langue première, et pour en faciliter la lecture également. La récente traduction d'un choix conséquent de poèmes de Ted Hughes par Jacques Darras et Valérie Rouzeau, l'année dernière chez Gallimard, dans une édition monolingue, est pour cette même raison, du point de vue éditorial, un non-sens. Ted Hughes attendra, chaque chose en son temps...