lundi 16 mars 2009

Du travail à l'université

Désolé, en ce moment, entre le bouclage d'un article en fin de post-doctorat et quelques préparatifs de vacances, je n'ai pas trouvé le temps (ni l'envie, à vrai dire) de tenir ombres vertes. Juste un petit mot, donc, pour renvoyer encore une fois à ce qui se passe dans les universités en ce moment, et qui pourra toujours intéresser ceux de mes lecteurs qui ne sont pas trop au fait de ce qui s'y passe, et qui ne suivent les manifestations que de loin.

Depuis la fin janvier, et notamment depuis le discours dévastateur et insultant du 22 janvier, on assiste à des manifestations à répétition, une grève continue et parfois des bloquages dans l'ensemble des universités françaises, qui ont pour but de protester contre une réforme qui ne fait que donner de nouvelles charges et surtout de nouveaux tracas à des enseignants-chercheurs qui sont déjà en sous-effectifs et surchargés de travail. Les doléances sont évidemment tout autre que corporatistes: il s'agit de critiquer une réforme qui n'a absolument ni queue ni tête, qui a été "pensée" par le ministère à la va-vite et sans aucune concertation avec les acteurs concernés, et qui risque tout simplement de mettre en péril l'université française. D'autres spectres plus sérieux se profilent à l'horizon, comme le facteur H qui commence à pointer le bout de son nez en France, et auprès duquel le classement inepte de l'AERES fait figure de douce tranche d'humour gaulois. Si le facteur H s'installe dans les pratiques académiques, ce ne sera pas l'université française qui en pâtira, mais la science en général, et au niveau mondial.

A un niveau plus national et de manière plus concrète, pour suivre l'actualité du mouvement et essayer de le comprendre en profondeur, rien de mieux que les sites de SLU ou de SLR, certes partisans, mais qui ont au moins le mérite de donner le maximum d'informations et de ne pas donner dans le genre ô combien désormais habituel de la "communication" et de la xyloglossie. Et pour ceux qui croiraient encore qu'être enseignant-chercheur à l'université, en France, c'est se la couler douce avec six mois de vacances, trois témoignages pour faire réfléchir: un billet de Pierre Jourde, une tentative intéressante de Yoric d'exploiter la forme de journal du blog pour rendre compte presque heure par heure de son emploi du temps de fainéant de chercheur, et enfin, de manière plus... humoristique, le blog de la grosse feignasse, création littéraire d'une (ou de plusieurs?) enseignante(s)-chercheuse(s) en littérature.
Il est parfois désespérant de constater la lente dégradation de la société française, qui est laissée aux mains de gens qui font de la communication au lieu de faire de la politique, qui ne laissent pas une année sans tenter de réformer, sans suite ni raison, et sans autre motif que de paraître politiquement actif, un système d'enseignement qui n'est certes pas exempt de défauts mais qui reste l'un des meilleurs du monde. Le but étant bien évidemment d'agiter les bras en tout sens pour faire croire qu'on fait quelque chose, et de rivaliser de langue de bois, voire (et de plus en plus souvent) de désinformation, pour faire croire que ce qu'on fait est utile et de bon sens. L'équivalent du facteur H, en somme: je parais donc je suis. J'ai parfois l'impression que lutter contre la mainmise de la communication sur la politique revient à lutter contre un moulin à vent. Sur ce, je pars m'exiler avec Cervantès et Walt Whitman dans le Lot et la Corrèze pendant 15 jours, à l'abri de ma webomanie galopante, et dans l'espoir d'oublier pendant un temps cette sinistre farce.

mardi 10 mars 2009

Genres de la littérature orale - programme

La journée d'études dont je parlais il y a six mois se concrétise: elle aura lieu le 16 juin dans la Maison de la Recherche de la Sorbonne, et comporte un programme ambitieux, avec 11 communications en l'espace d'une journée.
Parmi les personnalités qui sortent (un peu) du cadre strictement universitaire, on pourra faire remarquer les interventions de Lise Gruel-Apert, traductrice des contes d'Afanassiev aux éditions Maisonneuve & Larose, Natacha Fertin, traductrice des frères Grimm chez Corti, Fabienne Raphoz des mêmes éditions Corti, et enfin Bernhard Lauer, directeur du musée Grimm. On parlera de conte, bien sûr, mais aussi de mythe, de légende urbaine ou de légende tout court (Sage), et même de dessins animés! Nul doute que la journée soit passionnante: en tout cas, elle promet de l'être.

Ch. Guilbert, Affiche de librairie (lithographie) pour les Contes populaires de l'Allemagne de Musaeus, 1845 (BNF).


9h-12h

INTRODUCTION : Natacha Rimasson-Fertin et Frédéric Garnier

MYTHES ET LÉGENDES
MANUELA LUCIANAZ (Université de la Vallée d’Aoste) : « Modèles d’analyse de mythes, contes, légendes : le cas difficile de la littérature orale »
EMILIE LASSON (Université Paris IV-Sorbonne) : « La légende de Gerbert d’Aurillac selon Ulrich de Pottenstein »
DISCUSSION

LE CONTE
LISE GRUEL-APERT (traductrice des Contes d’Afanassiev) : « Vladimir Propp et les structures des contes »
NATACHA RIMASSON-FERTIN (Université Rennes 2) : « Entre satire et volonté didactique : paradis et enfer dans les contes facétieux et religieux chez les frères Grimm et Afanassiev »
BERNHARD LAUER (Directeur du Brüder Grimm-Museum Kassel) : « Die Gattung Grimm als kleine Form »
FRÉDÉRIC GARNIER (CIRCE – Université Paris IV) : « L'histoire d'un soldat juif ou la fonction des contes chez Y. L. Cahan »
DISCUSSION

DÉJEUNER

14h-17h
DES PERSONNAGES ENTRE DEUX GENRES
FABIENNE RAPHOZ-FILLAUDEAU (Editions José Corti) : « Oiseaux des contes ou contes d'oiseaux? Un animal singulier dans une classification internationale »
SÉVERINE YANEZ (Université Paris IV-Sorbonne) : « Les sorcières dans les contes et les légendes de Theodor Vernaleken »
DISCUSSION

LE DEVENIR DU CONTE AU XXÈME SIÈCLE : QUELQUES EXEMPLES
XAVIER ESCUDERO (Université d’Arras) : « (Re)penser le conte en fonction de la presse dans l'Espagne de la fin du XIXème au début du XXème siècle : redéfinition d'un genre »
AURORE VAN DE WINKEL (Université catholique de Louvain) : « Les légendes urbaines : entre transgénéricité et pluri-efficacité »
CLAIRE ASLANGUL (Université Paris IV-Sorbonne) : « Les dessins animés allemands des années 1930, entre reprise, modernisation et instrumentalisation des formes traditionnelles de la littérature populaire »
DISCUSSION

CONCLUSION : Natacha Rimasson-Fertin et Frédéric Garnier

lundi 2 mars 2009

Paulinho et Marisa

Comme j'ai été voir Maria Bathânia salle Pleyel la semaine dernière, un rendez-vous plein d'émotions, j'ai eu l'envie de revoir les séquences mythiques de Saravah, qui m'ont tellement enthousiasmé par le passé. Et là les souvenirs remontent et je me dis : mais que fait Paulinho da Viola aujourd'hui, à soixante cinq ans passés ? Deux trois clics sur Youtube plus tard, je tombe sur deux perles, deux splendides vidéos ( et ) ou Paulinho accompagne sa cadette (25 ans de moins) peut-être la plus douée, Marisa Montes, dans un moment des plus savoureux. Enivrant, assurément.