lundi 21 septembre 2009

Respiration

Préparation de cours pour l'université, correction de livres pour les éditeurs, fin de mon contrat pour le musée Rabelais, en ce moment je suis en apnée.


Burne-Jones, le Roi Cophetua

Hier soir, entre 20h et 22h sur France Culture, une bouffée d'air : une splendide création radiophonique de la pièce de théâtre de Julien Gracq, Le Roi Pêcheur. Le texte de Gracq est éblouissant, même si je comprends qu'il n'ait pas connu le succès à l'époque de sa première création, en 1949. L'oeuvre est relativement difficile, et la trame narrative est limitée, au profit d'un réseau de symboles qui demande une grande attention si l'on veut percer à jour la dialectique hégelienne qui se devine sous une apparence de mythe arthurien teinté de wagnérisme. La pièce n'est en cela pas sans rappeler les drames symbolistes de Maeterlinck ou de Pessoa : elle est toute empreinte de mystère, et manie les images plutôt que les actions, les symboles plutôt que les postures psychologiques, les attentes plutôt que les intrigues.



La première mise en scène n'ayant eu aucun succès, malgré les décors de Léonor Fini et l'interprétation de Maria Casarès et de Jean-Pierre Mocky, je me demande ce qu'une mise en scène moderne pourrait faire de cette pièce. Laurence Arpi en a assez récemment proposé une interprétation, qui s'apparente visiblement davantage à une lecture, avec un texte adapté, qu'à une mise en scène théâtrale classique. Certaines pièces, d'Ibsen ou de Yeats, acceptent difficilement une mise en scène. La pièce de Gracq fait partie de ce théâtre-là, qui est celui des mots plus que celui de la représentation.

vendredi 11 septembre 2009

La Fabrique des Images

Philippe Descola

Le 16 février 2010 commencera la troisième exposition anthropologique au Musée du Quai Branly (détail ici, page 7). C'est Philippe Descola, spécialiste d'anthropologie de la figuration et professeur au Collège de France, qui en est le commissaire d'exposition. 150 oeuvres seront présentées selon les 4 modes d'identification au monde théorisés par Descola dans son dernier ouvrage Par-delà nature et culture.
Descola postule qu'il y a "différentes façons de distribuer des qualités aux existants [éléments du monde]", c'est-à-dire différentes façon de leur imputer "une physicalité et une intériorité analogues ou dissemblables à celle dont tout humain fait l'expérience".
Il distingue 4 formes :
- l'animisme : c'est "la généralisation aux non-humains d'une intériorité de type humain combinée à la discontinuité des physicalités corporelles".
Opposé
- le naturalisme : "Ce n'est pas par leur corps mais par leur esprit, que les humains se différencient des non-humains".

- le totémisme : "L'identification totémique est fondée sur le partage, au sein d'une classe d'existants regroupant des humains et diverses sortes de non-humains, d'un ensemble limitatif de qualités physiques et morales que l'entité éponyme est réputée incarner au plus haut degré".
Opposé
- l'analogisme : "L'identification analogique repose sur la reconnaissance d'une discontinuité générale des intériorités et des physicalités aboutissant à un monde peuplé de singularités". Il convient ensuite de trouver des correspondances stables.

Cette exposition figurative montrera des masques, sculptures, et tableaux de diverses origines, faisant se croiser les inuits, les aborigènes, les chinois mais aussi les maîtres flamands, sous un regard anthropologique. En bref, une exposition qui promet d'être passionnante !

Pour lire Philippe Descola
- sur la théorie de la Fabrique des images, voir ici.
- sur l'anthropologie de la nature et la figuration animiste, voir là.

mercredi 2 septembre 2009

Unholy

Frédérick Martin est un compositeur français né en 1958. Il a été pensionnaire à la Villa Médicis et a suivi le cursus informatique de l'ircam. Passionné de musique de la Renaissance, il aime également la musique de ses contemporains Lachenmann, Grisey ou Ferneyhough. Son catalogue comporte des oeuvres pour orchestre, des concertos, et d'autres pièces, commandes d'Etat ou de festivals. Certaines lui ont valu l'admiration auprès de ses pairs, notamment Bruno Mantovani et Hughes Dufourt.

Contre toute attente, le même Frédérick Martin s'avère être un fan de black metal. Antaeus et Darkthrone figurent dans ses disques de chevet.
"Le black est la musique du désespoir comme tel et c'est pour ça que je l'aime", nous dit-il.


Son ouvrage Eunolie est paru en 2004 aux éditions Musica Falsa.
Bon voyage en enfer !