dimanche 23 décembre 2007

Solstice


L'année 2007 se termine avec une bien triste nouvelle, bien compréhensible néanmoins, celle du décès de l'auteur du Rivage des Syrtes et du Balcon en Forêt.
Louis Poirier est mort à l'âge de 97 ans. Il a vécu deux guerres mondiales, et a publié tout son travail chez José Corti.

Puisse-t-il filer au long des eaux étroites avec l'âme en paix, et l'assurance d'avoir accompli l'une des oeuvres littéraires les plus importantes d'un XXe siècle qu'il a parcouru d'un bout à l'autre sans dévier de son chemin.

mercredi 19 décembre 2007

Couvertures anglaises d'Harry Potter (children's edition) 2

Le début ici.
Je confirme après l'avoir terminé, la couverture anglaise du troisième tome n'a rien à voir avec une arrivée nocturne à Hogwart sur dos de griffon, c'est une scène du dénouement de l'histoire qui est représentée.C'est le même artiste, cliff wright, qui avait fait la couverture du deuxième tome, après que Thomas Taylor ait réalisé celle du premier.

Visiblement, d'après Wikipedia, Thomas Taylor est un jeune artiste à peine sorti de l'université quand il s'attelle à cette illustration, et le succès du livre aidant, Bloomsbury aurait préféré employer le talent d'un autre illustrateur plus chevronné, Cliff Wright, pour les volumes suivants. Cliff Wright aurait décidé de ne plus travailler avec la maison d'édition après le troisième tome, celle-ci ayant égaré l'original de la couverture de Harry Potter and The Prisoner of Azkaban. Quoi qu'il en soit, on comprendra que Bloomsbury ait cessé de travailler avec Thomas Taylor, vue la qualité de sa prestation. On comprend moins pourquoi la maison d'édition a même commencé à travailler avec lui. Je trouve personnellement que la couverture du deuxième volume, avec ses bleus hideux et ses visages rosâtres, est encore plus laide que la première, qui conservait encore un caractère un peu "naïf", avec ses étoiles schématiques et son trait ferme.

En tout cas, on observe une similarité de composition entre les deuxième et troisième volumes: même insistance sur la diagonale bas-gauche/haut-droit, avec à chaque fois un objet volant sur ou dans lequel Harry et l'un de ses meilleurs amis prennent place. Une impression d'élévation, donc, qui n'aurait pas fonctionné si l'illustrateur avait utilisé l'autre diagonale, et qui concorde bien avec l'atmosphère de merveilleux et d'optimisme qui imprègne les romans de J. K. Rowling.
La couverture du troisième volume est je trouve un peu plus réussie que la précédente (il n'y a pas de mal me direz-vous), grâce au fort impact visuel que donne la pleine lune dans le fond de l'image. Le griffon reste néanmoins peu convaincant (présence d'oreilles pour un monstre à tête d'oiseau?), alors qu'Harry et Hermione (qu'on voit à peine, ceci dit), sont un peu mieux réussis que dans la couverture précédente.

La fin à cet endroit.

jeudi 13 décembre 2007

Couvertures anglaises d'Harry Potter (children's edition) 1

Dans un des derniers billets, je me permettais de dire sans trop d'égards que je trouvais les couvertures anglaises d'Harry Potter pas belles du tout... Je maintiens mon opinion, quoique je trouve qu'avec le temps et l'évolution de la série elles s'améliorent. Les illustrateurs changent au fil de la série, ce qui ne joue pas en faveur de sa cohérence graphique, contrairement à l'édition française, par exemple, dont les sept tomes sont ornés de compositions de Jean-Claude Götting, comme Gilles nous le faisait remarquer il y a peu.
Si ces couvertures ne sont pas toutes très jolies, comparées à celles de Götting par exemple, elles sont néanmoins très intéressantes.
Le premier et le second tome représentent Harry Potter qui s'achemine vers Hogwart, la première année en train, la deuxième dans la voiture de la famille Weasley. Il est très intéressant de constater que le moment que l'illustrateur a choisi de représenter, à chaque fois, est celui dans lequel Harry passe du monde ordinaire au monde magique, à l'autre monde de Hogwart.

Choisir cet épisode précis de l'histoire n'est pas anodin: il permet de représenter, dans cet endroit symbolique qu'est la couverture du livre (la toute première page, qu'on doit tourner pour rentrer dans l'histoire), le passage du monde ordinaire au monde d'Hogwart (pour le personnage), le passage du monde réel à celui de la fiction (pour le lecteur).
L'identification du lecteur avec le héros est rendue d'autant plus sensible qu'il est invité, en couverture, à pénétrer de même que Harry Potter dans un monde fantastique où la magie est possible, etc.

Pour les illustrations des tomes suivants, j'aurais du mal à les commenter, vu que j'en suis encore au tout début du troisième tome... peut-être dans un prochain billet?

En tout cas, force est de constater qu'il y a une nette évolution stylistique du premier au dernier tome, qui va de pair avec l'évolution du lectorat. D'un trait relativement schématique, assez épais dans le premier tome, pour un public assez jeune, on passe progressivement à une composition beaucoup plus détaillée, au trait plus fin dans les derniers livres de la série.Les traits du héros évoluent également beaucoup d'un livre à l'autre. Pour le tome 1, Harry Potter est encore un peu sans âge, conséquence d'une assez importante schématisation des traits. Mais pour le tome 2, on a droit à la représentation d'un enfant de 12 ans, dont les traits s'affermissent dans le tome 3, et pour les tomes 6 et 7 on a un adolescent de 17-18 ans, à la machoire beaucoup plus carrée, et les épaules plus charpentées. Dans le tome 5 (ci-dessous), on n'a pas droit à Harry Potter sur la couverture... seul exemple dans la série. Y-a-t'il une raison à cela? J'en saurais peut-être un peu plus quand j'aurai terminé la saga.

L'incohérence graphique de la série cache donc une évolution stylistique qui accompagne le lecteur dans la maturation de l'oeuvre, du personnage principal, et dans son propre murissement. On a souvent fait la remarque que le style et les thématiques de l'oeuvre évoluaient avec le personnage et avec le lecteur, il est intéressant de constater que les illustrations en font de même. La boucle est bouclée.


Il est amusant de constater que le service postal britannique a fait de toutes ces couvertures de l'édition anglaise une série de timbres de collection, le 17 juillet 2007, en hommage au succès des livres.
Il ne reste plus à J. K. Rowling qu'à autoriser l'existence d'éditions véritablement illustrées (un très beau projet ici), et le tour des possibilités d'exploitation culturelle sera fait, après les films, les produits dérivés des films, etc.

La suite ici, et la fin à cet endroit.

lundi 10 décembre 2007

Perrault au XIXe siècle

La prochaine séance du TIGRE (Texte et Image Groupe de Recherche à l'Ecole normale supérieure), samedi 15 décembre, est un passage obligé pour tous les amateurs de contes et d'illustrations du XIXe siècle.

Je ne pourrais malheureusement pas y aller (distance géographique oblige, je regrette vraiment), mais avis aux amateurs... et aux professionnels, vu qu'il s'agit quand même d'un séminaire de recherche, d'excellente tenue, soit dit en passant.

mercredi 5 décembre 2007

Harry et Frodo

Ca y est, j'ai craqué, j'ai commencé à lire Harry Potter... après tout le monde, juste pour dire que je fais rien comme les autres, et en anglais, pour faire semblant de bosser mon anglais. Une des choses qui m'a frappé, c'est à quel point Harry Potter, du point de vue du caractère, du physique, comme du point de vue de sa fonction dans l'histoire, ressemble à Frodo Baggins, le héros du Lord of the Rings de Tolkien. Le même type de héros fragile mais courageux, mince et brun, et qui est en lien direct, quasi-matériel avec le grand méchant de l'histoire: par l'intermédiaire de l'anneau pour Frodo et Sauron, et par l'intermédiaire de la cicatrice pour Harry Potter et Voldemort. D'ailleurs, dans les deux sagas pèse un interdit sur le nom du grand méchant... Mais pour le personnage principal, on est loin du type de héros surpuissant à la Conan (Howard), ou de l'anti-héros à la Elric (Moorcock).

J'imagine que je ne dis là rien d'original, puisque J. K. Rowling s'est visiblement inspirée de beaucoup de choses pour écrire son livre, et que la saga de Tolkien constitue LE classique de la fantasy anglaise, mais ça m'a frappé à tel point que j'ai tendance, ces temps-ci, à confondre même les deux acteurs, Daniel Radcliffe et Elijah Wood, qui ont interprété Harry et Frodo. Et que quand je lis le livre, je me représente Harry parfois sous l'aspect de l'un, parfois sous l'aspect de l'autre, parfois autrement, en fonction des illustrations de couverture, qui dans les publications anglophones brillent pourtant par leur laideur.